C'est « LA » question qui fâche, le rituel de début d'année. Et une fois encore, tout dépend du contexte. Je n'ai pas un avis tranché sur la question, mais une décennie d'enseignement me permet de préciser les choses. Les cours de solfège ont en général mauvaise réputation, et cela est dû à des générations de professeurs qui ont traumatisé leurs élèves (dont je faisais partie) avec des cours rébarbatifs et ennuyeux au possible. A l'heure actuelle, les méthodes d'enseignement ont évolué et sont beaucoup plus ludiques. Cependant, il reste un problème de taille à mon sens : en France, l'enseignement du solfège est dissocié de celui de la pratique instrumentale, ce que je trouve aberrant. C'est pourquoi mon avis est mitigé sur la question. Dans tous les cas, le solfège est un plus, mais toutes les semaines je suis confronté à des élèves qui ne souviennent plus du rythme d'un morceau alors que celui-ci est noté sur leur partition, et ce, qu'ils suivent un cours de solfège ou non. Comprendre le solfège est un gage de rapidité, mais pouvoir l'appliquer est préférable. C'est là toute l'ambiguïté de cette pratique d'enseignement dissociée. C'est pourquoi dans mes cours on utilise le solfège, mais toujours en lien direct avec l'instrument. Concernant les enfants, je recommande vivement la pratique du solfège, au moins jusqu'à la fin du premier cycle, tout en étant conscient qu'ils n'auront pas les capacités d'abstraction nécessaires à la bonne compréhension du rythme. Pour les ados je suis plus partagé, mais j'ai constaté que ceux qui ont fait du solfège progressent plus vite. Les adultes disposent de capacités cognitives permettant la mémorisation par l'imitation et la répétition, mais un minimum de connaissances est un plus indéniable. J'ai constaté récemment des progrès très conséquents chez un adulte inscrit depuis peu au solfège, et qui après plusieurs années de pratique guitaristique autonome a rapidement compris l'intérêt de pouvoir lire la musique.